Quand l’art et la science se croisent 

Quand l’art et la science se croisent : regards admiratifs d’un scientifique sur Soulages, Opalka, Verdier, Serra et César

Proposition de conférence Art&Science de Joël Chevrier. La durée de la présentation est de 45 minutes. Questions et réponses ensuite. La langue peut être l’anglais ou le français. Envoyez-moi un message si vous êtes intéressé à joelchevrier@gmail.com

Joël Chevrier est professeur de physique à l’Université Grenoble Alpes. Il a été commissaire scientifique d’une exposition Soulages à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) à l’invitation de la Fondation Gandur pour l’art et de l’EPFL. Il a aussi travaillé avec le sculpteur Giuseppe Penone pour son œuvre Essere vento présentée en 2024-2025 dans l’exposition Arte Povera à la Bourse de Commerce Paris. Il a collaboré avec le chorégraphe Yoann Bourgeois pour son spectacle « La Mécanique de l’Histoire » au Panthéon à Paris. En physique, Joël Chevrier a été chercheur à l’Institut Néel CNRS/UGA et au synchrotron européen ESRF. Avec ses étudiants, il y a construit des instruments pour explorer les interactions à l’œuvre dans le nanomonde. 

Résumé

L’art contemporain me laisse souvent sans voix. L’historien d’art Georges Didi Huberman est heureusement venu à mon secours. Devant une œuvre d’art, dit-il, « L’émotion visuelle nous pousse à parler de façon nouvelle ». Une aide supplémentaire est venue de la galeriste Jennifer Flay : « Pour qu’un artiste soit pertinent, il doit avoir une œuvre singulière et aborder des questions universelles » citée par Pierre Nahon dans son Dictionnaire amoureux de l’art moderne et contemporain. 

La liste des questions universelles est longue, j’ai mis mes réflexions dans un livre intitulé « Un physicien au musée ». Notamment sur ces cinq artistes.  

  • Pendant 40 ans, Pierre Soulages a sculpté la lumière dans l’espace avec ses Outrenoirs et les vitraux de l’abbatiale de Conques. 
  • Roman Opalka en peignant des millions de nombres, a consacré sa vie à se confronter sans détour, au temps qui passe. 
  • La peinture abstraite de Fabienne Verdier extrait du monde son mouvement et son énergie pour les mettre sur d’immenses toiles. Elle a construit sa peinture et ses outils en partant de sa maîtrise de la calligraphie chinoise. 
  • Les sculpteurs Richard Serra et César Baldaccini ont fait de grands cubes de métal. Au cœur de la matière pour un physicien : le volume et le poids. Selon Richard Serra : « La gravité a toujours été un problème de la sculpture. La façon dont ce problème est résolu fait partie de toute définition de la sculpture. ». 

La lumière, le temps, le mouvement et la matière, sont parmi ces questions universelles travaillées par les physiciens ! Mais pour tous, elles restent fascinantes, au coeur de nos vies.

Parler “de façon nouvelle” d’œuvres d’art, c’est pour moi en parler en m’appuyant sur la science. Pas pour les expliquer, ce serait une catastrophe. Il s’agit plutôt de cheminer ainsi vers les œuvres, de les voir se découvrir, et de finalement les partager en le racontant. 

Cette approche m’a conduit à de longues discussions avec Pierre Soulages et avec Fabienne Verdier. La galeriste newyorkaise Dominique Lévy m’a alors fait découvrir Roman Opalka. 

Cette conférence propose de partager ainsi une expérience des œuvres de Pierre Soulages, Roman Opalka, Fabienne Verdier, Richard Serra et César Baldacini, aussi d’exposer une vraie admiration devant la fulgurance et la précision de leur geste créateur au cœur de ces grandes questions universelles qu’un regard scientifique permet de souligner. Sur ces questions, les scientifiques savent que le travail est toujours difficile et exigeant, quelques soient les buts poursuivis et les différences dans les méthodes et les outils. Il se construit alors un respect mutuel car les artistes doivent aussi se confronter inlassablement à ces difficultés, et avec la même exigence extrême.